« Flammes » ou « Feu Follet » acceptant leur féminité baroque, parfois agressive comme cette « Orgueilleuse » inquiétante ou cette « Symphonie » muette et pourtant lyrique, cette « Femme Fleur » désespérée et ouverte pour une fécondation improbable.

 

La femme est toujours présente dans cette sculpture, mais ce sont les métamorphoses de Daphnée : la  dualité impossible des « Siamoises » ou voulue du « Baiser » qui ne s'ouvre que pour mieux s'enlacer sans pouvoir s'atteindre. Le bonheur même a ses drames. Sans visage, cette œuvre délivrée des contraintes d'une morphologie trop précise, dévoile malgré tout comme un miroir des images de soi jusque là ignorées.

 

La sensibilité de Maurice Guillaume se veut visionnaire : cette terre cuite, pourtant de dimension réduite, montre une géante monstrueuse, sorte de féminité avide, sans visage, sans bras, ouverte autant que fermée, inquiétante et secrète, sorte de totem de la nuit : « Mégapolis », « La ville » telle qu'on la subit.

Même là, le sculpteur ne se livre pas. Narcisse n'a jamais été son compagnon . Sa nature généreuse sème dans le marbre, le bois ou le bronze, les cristaux de ses rêves, comme autant de miroirs ou chacun peut se rencontrer.

Maurice Guillaume en 1992

au Salon Europ' Art de Genève.

Regards

Pierre Merlet

sculpteur et philosophe, né le 16 février 1924 à Cholet (Maine et Loire). Auteur de bronzes, de marbres et de nombreux bustes. Médailles pour l'Hôtel des Monnaies.

Participe à de nombreuses expositions. Obtient différents prix.

Les artistes contemporains
sont des solitaires.

On peut penser que leur pudeur rend nécessaires les métaphores dont leur art se nourrit ; d'où ce goût du mystère ou de l'allusion, capable de donner sans les trahir, une image plus complète de leur pensée. Encore faut-il comprendre que la pensée n'engage pas la sculpture, mais se découvre plus tard dans la naissance des formes.

 

D'emblée, Maurice Guillaume redonne à la femme son mythe privilégié le plus primitif et sa sculpture me paraît souvent d'essence arborigène. Cette forme-mère se développe : « Racines » ou « Rejets », les formes jaillissent, s'accrochent, prolifèrent et s'élèvent toujours victorieuses, trahissant l'optimisme naturel de leur auteur.